The choice of the expression «History of the Maghreb Pasteur institutes» is suggestive of a post-colonial approach and raises questions about the shared future of those centres. The author offers a comparative view of the past of the Institutes in Tunis, Algiers and Casablanca, relying on recent research in social sciences and the development of oral history. The Institutes were created separately at different times but more or less followed a single model linking research, production, and teaching. Fighting infectious diseases was part of the colonial heritage, but it was above all the promise of modernisation linked to participation in the Pastorian Revolution that explains why the three Institutes never discontinued their activities in the three Southern Mediterranean capitals. At the turn of the 21th century, the Pasteur Institutes of the Maghreb, in common with the mother Institute in Paris, were faced by new challenges in a changing political and epidemiological context. The International Pasteur Institutes Network was formally established in 2003. What is the future of the Maghreb Institutes? Will they form a separate entity? And what links will they create with the rest of the world, especially the Arab World? These questions are both scientific and political.
Le choix de l'expression "histoire des instituts Pasteur du Maghreb" suggère un angle d'approche post-colonial et une interrogation sur le devenir commun de ces instituts. L'auteur propose une relecture transversale et comparative de leur passé, à la lumière des recherches récentes en sciences sociales et des données de l'histoire orale en cours de recueil. Les instituts Pasteur d'Alger, Tunis, Tanger et Casablanca ont été créés séparément à différentes périodes de la colonisation française, avec un objectif commun d'application des méthodes et des doctrines pasteuriennes et d'amélioration de la santé publique, mais ont connu des péripéties assez différentes pour justifier le terme de "mémoire divisée". Si la lutte contre les maladies infectieuses faisait partie de l'idéologie du pouvoir colonial, c'est la promesse de modernité liée à la "révolution pasteurienne", qui explique la pérennisation de l'entreprise et la survie présente des trois instituts dans les capitales du Maghreb. Au XXIe siècle, les instituts Pasteur du Maghreb sont confrontés comme la maison-mère de Paris, dans un contexte scientifique et politique changeant, à l'évolution de leur modèle original de fonctionnement, associant étroitement recherche-production-formation. Dans le cadre du Réseau International des Instituts Pasteur formalisé en 2003, se pose la question de l'autonomisation future d'un ensemble constitué par les instituts Pasteur du Maghreb? Emergeront-ils comme une entité à part entière, et quels liens entretiendront-ils au sein du réseau et avec le reste du monde, en particulier avec le monde arabe? Autant de questions à la fois politiques et scientifiques.