Abstract This article deals with the constitution of an " oppositionnal public space " before the advent of democracy, during the French constitutional monarchy. In the light of recent works, it shows how traditional usual rites (banquets, funerals, rough music) are performed as political forums which subvert the standards of the representation. As the official public space was restrained, they become rites of civic control and explicit protest against the powers. By mixing different social groups, by awarding public honors, by celebrating explicitly or implicitly the sovereign people, they reveal important tensions regarding political representation. The mobilized lower classes see in these rites an opportunity to become visible and symbolically sovereign, whereas the organizers of theses rites in the 1820's, liberal politicians, denied this sovereignty.
Résumé L'article propose une réflexion sur la constitution d'un " espace public oppositionnel " avant l'avènement de la démocratie, dans la France des monarchies censitaires. Il s'agit, à la lumière de travaux récents, de montrer comment des rites coutumiers traditionnels (banquets, enterrements, charivaris) deviennent des tribunes politiques qui subvertissent les normes de la représentation. Face à un espace public officiel comprimé, ils constituent à la fois des rites de surveillance civique et de protestation explicite contre les pouvoirs. En mêlant des groupes sociaux distincts, en décernant des honneurs (ou des infamies) publics, en célébrant explicitement ou implicitement le peuple souverain, ils révèlent d'importantes tensions quant au mode de représentation politique espéré. Les classes populaires mobilisées voient dans ces rituels une occasion de se rendre visibles et de s'approprier ainsi une parcelle de souveraineté, déniée par les libéraux qui organisent pourtant ces rituels.